
Ce pays appelé aujourd’hui RDC – République Démocratique du Congo – est situé au centre de l’Afrique, à cheval sur l’équateur. Après l’Algérie, c’est le 2ème plus grand état africain. Ses principales richesses sont une hydrographie exceptionnelle (le fleuve Congo a un débit quasi aussi important que l’Amazone, 1er fleuve mondial), des forêts denses de type équatorial, des potentialités agricoles pouvant produire une large gamme de denrées alimentaires, des terres favorables à l’élevage de gros et petit bétail, mais surtout un riche sous-sol géologique et minier dans sa partie est. On y extrait de l’uranium, du cuivre, du cobalt, de l’or, du diamant et autres minéraux.
N’imaginons pas Lomela comme une Commune européenne, avec en son centre une église, un bâtiment scolaire, une épicerie, ni comme un gros bourg avec plusieurs commerces, des artisans, quelques industries, peut-être une succursale de banque…
Sis en République Démocratique du Congo, grand pays africain de plus de 100 millions d’habitants, Lomela est un territoire rural situé à 1800 km de Kinshasa. Lusambo, chef-lieu de la province du Sankuru est à 665 km. Administrativement, le territoire regroupe six secteurs et compte 404 villages. Les uns sont localisés le long de l’unique route dite la Nationale 7 et les autres sont dispersés dans la forêt équatoriale et reliés entre eux par des sentiers. Chaque village a son chef coutumier qui est sous l’autorité du chef de secteur, lui-même dépendant d’un administrateur territorial et ce dernier étant sous l’autorité du Gouverneur de la Province, lequel supervise et dirige les responsables des différents services et en rend compte au Ministre de l’Intérieur.
Le territoire de Lomela est enclavé et pauvre. Sa population vit essentiellement de l’agriculture, mais aussi de la pêche et de la chasse. Les terres sont fertiles, mais le manque d’outils agricoles et de moyens financiers pour acheter les semences font que le rendement est très faible. N’y est pratiquée que l’agriculture de subsistance. Toutefois, une petite partie des récoltes est vendue et permet ainsi aux familles de faire des achats indispensables aux besoins journaliers tels que le sel, le savon, et aussi du tissu pour l’habillement. Les animaux domestiques : les chèvres, porcs, canards, poules, moutons sont généralement en liberté. L’élevage intensif n’est pas monnaie courante.
La situation sanitaire devrait être encore améliorée. Pour un territoire de 126’850 habitants, on compte 5 médecins dont une religieuse diocésaine, une seule maternité et des centres de santé très éloignés les uns des autres et mal équipés. Il n’y a aucune société d’Assurance maladies et les soins sont totalement à la charge de la population. Les maladies fréquemment rencontrées sont d’origine parasitaire, hydrique et infectieuse : paludisme, verminose, bronchite, méningite, tuberculeuse et maladies sexuellement transmissibles. Actuellement, avec la présence des organismes internationaux œuvrant dans le cadre de la santé, les agents sanitaires sont régulièrement formés à la prise en charge des maladies et des malades. Le manque des médicaments de toute sorte est criant, surtout lorsqu’on vit loin de Lomela-Centre. Il est arrivé une fois à l`Abbé Emmanuel Luhumbu, souffrant de carie dentaire, de devoir se rendre à 145 km de Mukumary pour trouver un analgésique. Que dire d’un antibiotique ! C’est Dieu qui garde le peuple des villages.
La situation scolaire n’est guère plus réjouissante. Les écoles publiques, primaires, secondaires générales ou professionnelles sont payantes et la plupart sans équipement convenable et encore en manque de manuels scolaires. L’école est obligatoire, mais nombre de parents ne sont pas en mesure de payer la scolarité de leurs enfants, car sans revenu consistant. Il faudrait ajouter à cela le fait que beaucoup de parents ont plusieurs enfants. Et s’ils ne peuvent scolariser que certains d’entre eux, ce sera prioritairement les garçons. Les filles, elles, sont orientées vers les travaux champêtres et plus tard vers des mariages bien souvent précoces. Certaines d’entre elles deviennent facilement des filles-mères. Sur 100 filles inscrites en 1ère année primaire, par exemple, seules 35 d’entre elles termineront leur scolarité.
Les enseignants sont payés irrégulièrement et ceci rend leur motivation ou engagement très faible. Ce phénomène est vécu davantage dans les villages éloignés de Lomela-Centre. Le diocèse de Kole dont dépend le doyenné de Lomela, où est construit le Centre Saint-Nicolas, à travers la Coordination diocésaine des Ecoles Conventionnées Catholiques, est en charge des écoles dites Ecoles conventionnées catholiques. Il fournit les enseignants mais comme les salaires et les manuels tant didactiques que scolaires viennent de l’état, il est limité et ne peut pas faire mieux.
Socialement parlant, la pauvreté, les mauvaises conditions d’habitat, le manque d’eau potable à portée de main et parfois le manque d’attention à l’hygiène, voilà le vécu quotidien de la population de Lomela en général et surtout celle des villages en particulier. Lomela ne compte aucune personne qui peut se dire riche. Presque tous les habitants font les mêmes expériences de la vie à savoir manque d’éclairage publique, manque de réseau d’électricité et de communication stable, manque de moyen de déplacement, l’écroulement des maisons à cause des érosions, la paralysie totale des activités pendant et après la pluie, les arrestations arbitraires, les tracasseries policières, la corruption, la politique tribale et familiale….Mais tout n’est pas noir dans cette région du Congo chère à nos cœurs.
La population est un peuple pacifique, humble et accueillant. Elle cultive les valeurs africaines que sont la solidarité, le partage, les échanges et le respect de l’autre, spécialement des aînés. L’étranger est non seulement le bienvenu mais encore servi en premier. Malgré le retard fréquent des salaires, les agents sont patients et n’ont pas la notion de la grève. Autre avantage : les habitants de ces différents villages, bien que parlant différents dialectes, se comprennent et vivent harmonieusement entre eux.
La famine n’existe quasiment pas à Lomela car le sol est très fertile et avec la longue saison pluvieuse (9 mois), les produits vivriers poussent comme au paradis. Cependant, la population ne peut augmenter la production car les routes, qui pourraient permettre l’écoulement des produits agricoles, n’existent plus et deviennent très dangereuses. Il n’est plus possible d’établir un contact entre les producteurs et les acheteurs. Ceci explique en grande partie la cause de la pauvreté matérielle qui sévit dans ce territoire à vocation agricole.
Et les enfants de Lomela, ceux du Centre St-Nicolas ou des écoles publiques, savent rire, chanter, danser, jouer, et cela en dépit de leurs conditions de vie difficiles. Ils s’appliquent à apprendre et à lire en français, seule langue d’enseignement autorisée. Au niveau maternel et des classes enfantines, il y a certes un mélange entre le français et la langue maternelle, l’Otetela, mais c’est le français qui prime. Et les parents sont heureux de voir leurs enfants s’exprimer en français, surtout lorsque ceux-ci déclament de petits poèmes.
Pour mieux vivre ces diverses situations et vous en rendre réellement compte, nous vous invitons à venir nous visiter sur place.
Abbé Emmanuel Luhumbu et les enseignants de St-Nicolas

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